La nuit est faite pour attraper les étoiles.
Le rêve dissout notre esprit de toutes contraintes.
Evadez-vous dans l'inconnu, dans cette entité, vous ne serez jamais amenés à vous retourner.
Martine Tardy Pierretta
Ce matin, je paressai au lit. Le brouillard qui surplombait le jardin de maman et la campagne alentour de Saint-Étienne ne m’incitait pas à me lever. Je tirai la couette au-dessus de ma tête afin de retrouver le sommeil. La femme de ménage avait semble-t-il, ouvert tous les volets roulants. Je détestais quand elle faisait ça. Elle savait parfaitement que cela m’agaçait. Il était plus de onze heures et sûrement suite aux recommandations de ma mère qui nous avait concocté un programme chargé, Olga ne se priva pas de faire grand jour dans toute la maison.
Mon portable scanda la musique des « One Direction ». Je me précipitai pour répondre. C’était Arnaud, mon agent. Il tenait absolument à ce que je participe à une émission pour une chaîne nationale.
— Je sais, je sais, tu voulais profiter de tes deux derniers jours de répit, me lança-t-il ! Mais tu ne peux refuser, c’est pour parler du prochain film en compagnie du réalisateur Christophe Bechet. Je te préviens, c’est à Paris dans le 15° à dix-neuf heures trente.
— Si je comprends bien, je n’ai pas le choix !
— C’est tout à fait ça ! me confirma Arnaud.
— Je serai chez toi à dix-huit heures. Sois prête ! Mais ça, je sais que tu sais faire. Et puis non, je viendrai te chercher à la gare. Je t’embrasse, à plus tard my dear Océane.
Sur les bonnes paroles d’Arnaud, je raccrochai.
Je décidai de prévenir ma mère. Elle fut très déçue, elle avait prévu pour aujourd’hui et demain, des tas de choses pour nous deux.
— C’est le travail maman, je n’ai pas le choix ! J’ai une chance inouïe de faire partie du casting de ce film, je ne peux qu’obtempérer. Combien de fois m’as-tu dit :
« Il faut saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent ».
— C’est vrai Océane ! conclut maman.
Puis rajouta :
— Retrouve-moi devant la préfecture, je t’emmène déjeuner chez Charly.
— Chez Charly, parfait, je serai devant la préfecture dans une heure trente. Le temps pour moi de me préparer et de faire mes bagages. Je dois également faire modifier ma réservation TGV. Tu sais bien que lorsque mes voyages sont privés c’est à moi de faire le nécessaire, enfin c’est ce que j’ai toujours voulu.
— Je te conduirai à la gare ! m’informa maman. N’oublie pas ton sac, je ferai ramener ta voiture par Jean-Michel.
Jean-Michel était un ami de maman ; c’était aussi le directeur du service après-vente de la maison de confection en lingerie de ma mère. Maman avait repris le flambeau de l’entreprise familiale de ses parents.
Je me hâtai, car je n’avais pas une minute à perdre. Mon téléphone ne cessait de sonner, je jetai un rapide coup d’œil sur chaque appel, mais ne pus prendre aucun d’eux. Rien d’important de toute façon. À part Arnaud qui me disait par SMS vouloir m’attendre à la sortie du train. Il aimait tant me chaperonner.
La brume avait laissé place à un grand soleil. Malgré tout c’était l’hiver et le froid était saisissant. Je n’attendis pas longtemps devant le bâtiment administratif. Maman me klaxonna pour que je vienne jusqu’à sa voiture.
Il y avait foule dans la salle du restaurant, les prix étaient attractifs et les plats régionaux. Charly vint à l’entrée, nous faire un brin de causette, je lui expliquai que j’étais pressée, que je devais repartir sur Paris.
En s’adressant à ma mère ainsi qu’à moi-même :
— Je vous ai installées dans un endroit, loin des curieux !
Discrètement, il me glissa à l’oreille :
— Tu es une star ma chérie, je vais pendre ta commande.
Nous voilà confortablement assises devant des assiettes qui furent aussitôt remplacées par d’autres. Le serveur que nous connaissions bien nous fit la bise et nous tendit le menu tout en nous présentant le plat du jour.
Charly m’avait connue toute petite, du temps où mes parents filaient le grand amour. Mon père avait refait sa vie, nous partagions une très grande complicité tous les deux, quant à ma belle-mère, c’était une femme très sympathique qui avait deux enfants avec lesquels je m’entendais parfaitement. Cependant, je sentais bien que ce n’était qu’un lot de consolation pour papa.